jeudi 18 janvier 2024

Tour Photo - Jour 2 : Agra

Un petit henné à l'hôtel puis en route pour l'atelier de Taj Handicrafts


Grace à Gaëlle de Tawus nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer Faizan Uddin Shams.  

Le petit-fils du créateur de la broderie Shams, une broderie en trois dimensions absolument unique, mêlant fils de soie, pierres précieuses et semi-précieuses, inspirée de la broderie Zari.

Faizan nous a expliqué les différentes étapes de la broderie, d'abord le dessin est fait sur un papier qui est percé de petits trous et qui va servir de pochoir. Un mélange de craie et d'essence est passé sur le dessin percé et les motifs apparaissent sur le tissu à broder. Commence alors de longues heures de broderie à l'aiguille.  


Ci-dessous une vidéo sur l'atelier de broderie organisé par Faizan dans le cadre de l'aiguille en fête, Nantes. 2017.

 


Pour obtenir l'effet 3D une sorte de petit coussin de fil blanc est réalisé puis le fil de couleur est apposé dessus.






Ci-dessous un tapis-bijoux qui a demandé plusieurs années de travail. 
Des pierres semi précieuses sont ajoutées à la broderie (Ce travail devrait partir dans un hôtel de Monaco).




Le travail de texture sur le tableau des éléphants est impressionnant
Faizan et quelques uns de ses brodeurs
La pièce principale de l'atelier reste le Taj Mahal réalisé par le papa de Faizan et son équipe de brodeurs

Les versets du Coran, qui sont en marqueterie de marbre sur le vrai Taj Mahal, ont été reproduits fidèlement avec la broderie
Faizan appartient à la 16e génération de brodeurs. Ici avec son papa et son frère. Sa famille a reçu les félicitations de 3 présidents américains (dont Ronald Reagan) pour la qualité de leur travail.
photo Anne Millequant

Respect et admiration pour le travail de ces artistes. 
Et merci à Gaëlle / Tawus pour la mise en relation.

mercredi 17 janvier 2024

Tour Photo - jour 1 : Firozabad

Escapade de 2 jours avec mon groupe photo, 1ère étape : Firozabad où nous arrivons après environ 4h de route et une petite pause "chaï" à mi parcours

 C'est le centre de l'industrie verrière de l'Inde, connue pour la qualité des bracelets ainsi que des verreries qui y sont produites.






Ce sont les Sheesgarh, cette caste musulmane du nord de l’Inde qui maîtrise le savoir-faire verrier centenaire de Firozabad. L'artisanat du verre en Inde se développe durant l'Empire moghol suite aux mouvements migratoires des musulmans persans. 


La fabrication industrielle date du début des années 1900 et il y a eu des tentatives de diversification (bouteilles, objets de décoration, verre médical ...) mais la production reste principalement centrée sur la fabrication des bracelets dont Firozabad a quasiment le monopole. 
Ici tous les travailleurs sont verriers et doivent leur position à leur maitrise du savoir-faire

Ci-dessous la fusion du verre dans un four central circulaire où l'ouvrier cueille le verre et l'enroule sur la canne métallique  


C'est d'abord une petit boule de pâte de verre (gundi) puis la masse de verre ressemble peu à peu à une glace en bâtonnet. 

Les ouvriers se relaient entre ceux qui transportent le verre et ceux qui le façonnent. Quand 2 couches de verre blanc ont été apportés sur la paraison (opération consistant à tourner et à retourner une masse de verre pâteux au bout de la canne), elle est apportée dans des petits fours de réchauffe pour être colorée. Des morceaux de verre colorés sont brisés en morceaux avant d'être partiellement refondus et ajoutés au verre blanc.   
le ballet incessant des porteurs de verre




L'artisan appelé tarvala file le verre sur une barre cylindrique pour obtenir des spires hélicoïdales (de la même forme que des ressorts cylindriques) qui sont ensuite découpés en tronçons disjoints avant d'être soudés pour former des bracelets. 

Les spires sont enlevées et stockées sur des feuilles de métal pour être refroidies
Les cut walas ont des outils de coupe sur leurs pouces, comportant un petit diamant, et ils vont couper la spire afin de séparer les cercles de verre qui deviendront des bracelets.


La production est maintenant en série mais autrefois les bracelets étaient issus d'un fil de verre et enroulés un à un sur un cône de pierre
Un ouvrier attache les anneaux ouverts à une corde et les emballe

Les bracelets quittent ensuite l'usine pour les phases de finition réalisées dans des maisons des quartiers populaires (mohallahs)





Les bracelets sont réchauffés pour être assouplis et aplanis puis ils sont fermés et à nouveau recuits pour les renforcer. 


Etape contrôle qualité


Au bruit que fait le bracelet quand l'ouvrier le cogne légèrement sur une pierre, il sait si le bracelet est abimé ou cassé 


Le stockage des milliers de bracelets dans toutes les couleurs de l'arc en ciel 

puis la phase emballage

la dextérité des emballeurs est impressionnante, ils arrivent à savoir combien emballer de bracelets juste au touché et sans les compter !



Informations techniques et historique trouvées dans l'article très complet d'Arnaud Kaba 
"Le geste du verrier, le tintement des bracelets et la chair brulée. Valeur du savoir, rapports de pouvoir et quête d'indépendance chez les Sheeshgarh de Firozabad
aux Presses universitaires de France
Dernier stop dans une usine qui fabrique des bouteilles en verre avant de reprendre la route pour Agra où nous dormons au Grand Imperial Hotel








Merci à Rachita et Richa pour l'organisation des visites !